Actualité, Grand Projet: La nouvelle fontaine aux Animaux vient enrichir la « trame bleue » du parc du Léman
Le parc du Léman continue de nous offrir ses nouveautés.
Si l’objectif de cette grande réhabilitation est d’ancrer le parc dans l’avenir et de lui donner un nouvel essor, grâce à l’ajout de nombreux végétaux et de nouveaux éléments de patrimoines, ainsi que la réouverture de cheminements, la restauration des éléments historiques constitue l’autre noyau du programme.
Après la rénovation de la fontaine de Rives, longtemps délaissée et jadis transformée en jardinière, c’est au tour de l’ancienne glacière et de la statue de saint Joseph qui trône à son sommet de bénéficier de cette restauration.
La glacière incarne le souvenir d’une entreprise thononaise et d’un mode de vie aujourd’hui disparus. Avant l’invention et la démocratisation des réfrigérateurs, entre 1936 et 1971, les glacières frigorifiques du Léman approvisionnaient Thonon en pains de glace.
La structure en pierres cimentées, en forme de cône et surmontée de la statue de saint Joseph, est le vestige de cette glacière. Elle servait à entreposer, à l’abri de la chaleur, des pains de glace de 25 kg, disposés en couches superposées et séparées par de la paille pour éviter qu’ils ne se soudent et faciliter leur découpe. Ces pains de glace étaient fabriqués à Rives, au 12 chemin du Port, à proximité du funiculaire, grâce à une machinerie capable de produire jusqu’à 20 tonnes par jour.
Aujourd’hui, la glacière reprend vie sous la forme d’une fontaine.
Elle constitue le point de repère de cette zone du parc où arbres, arbustes et plantes tapissantes adaptées au climat lémanique viennent désormais enrichir la pelouse, autrefois seule maîtresse des lieux.
Palmiers chanvriers, saules du désert, grévilléas, agapanthes… apportent à ce secteur, jusque-là pauvre d’un point de vue paysager, un foisonnement de formes, de volumes et de couleurs. Au total, près des trois quarts des 900 m² de la pelouse actuelle seront plantés.
L’introduction de ces essences plus exotiques contribue à renforcer la biodiversité et constitue une réponse au changement climatique. Certaines essences anciennes, bien qu’historiquement implantées, souffrent parfois désormais des excès du climat actuel : température, raréfaction de l’eau, et des maladies ou parasites qu’il apporte. Pour garantir la pérennité de ce poumon vert en plein cœur de ville, il est essentiel d’implanter dès aujourd’hui des espèces résistantes, afin que le parc continue à offrir demain ses bienfaits à tous ses visiteurs.
Ce nouvel espace, où la végétation mêle ainsi espèces anciennes et nouvelles, vient parfaitement dialoguer avec cette glacière, vestige du passé ayant traversé les âges. Un destin que l’on souhaite au parc du Léman !
La statue de saint Joseph, datant du début du XXᵉ siècle, a bénéficié d’une restauration spectaculaire, réalisée par l’entreprise Comte, spécialisée notamment dans la restauration de monuments historiques. Une cure de jouvence qui a consisté en un nettoyage par micro gommage, une réparation des parties abîmées et une mise en peinture, représentant 10 jours d’intervention.
La statue représentant Saint-Joseph accompagné d’un enfant, dans la ligne d’un héritage artistique largement installé dans l’hagiographie chrétienne. Saint-Joseph y apparaît portant un un enfant (l’enfant Jésus) sur ses genoux, appuyé sur une pièce de charpenterie, dans une posture qui évoque la protection et l’éducation, la transmission. Il lui fait tenir son équerre de charpentier (symbole de savoir et de sagesse… “le charpentier” pouvant être entendu comme “le sage”). La position de son bras et sa main vide laissent deviner la “verge fleurie” (bâton orné de deux lys blancs) qu’il devait jadis tenir, un autre de ses attributs.
Si le parc se découvre depuis le belvédère ou aux abords du château de Sonnaz et de la mairie, plusieurs cheminements périphériques sont aujourd’hui accessibles pour commencer à explorer et arpenter le parc. Ainsi, l’accès au chemin de Sous-Bassus, depuis le square Jean-Moulin, permet de découvrir la zone autour de la glacière et d’observer ses aménagements récents.
Le changement le plus spectaculaire concerne incontestablement le chemin partant de la gare haute du funiculaire et reliant la rue du Port. Avec un nouveau pavage et des espaces reverdis, il offre une vue unique sur le théâtre de verdure depuis le bas, tout en permettant d’admirer la restauration des arches sous le passage du funiculaire. Vous pourrez également découvrir le futur jardin des comestibles, où de nombreux arbres et buissons fruitiers ont déjà pris racine. Depuis l’avenue du Léman, contemplez cet espace en vous laissant guider par la barrière en osier tressé qui protège ce lieu.
Au cœur du parc, les anciens cheminements sont complétés par de nouveaux itinéraires vous invitant à explorer le “Monde des Buis” ou le “Jardin des Explorateurs”. La passerelle vous permet de prendre de la hauteur pour rejoindre les terrasses sous Sonnaz et leur “jardin suspendu” sous le regard de Madame de Staël. Si vous poursuivez votre descente jusqu’à Rives, vous serez accueilli par la fontaine des animaux, inspirée des fontaines de Tivoli et ornée des animaux emblématiques de nos montagnes. Votre parcours se terminera sur les “Terrasses de Naples”, où une double strate végétale mêlant vivaces et grands arbres, chênes verts, mûriers, magnolias, cinnamomes… donneront toute sa majesté au lieu. Sur ces terrasses, 37 arbres, 739 arbustes et 3 900 vivaces ont été plantés pour offrir un écrin végétal exceptionnel. Mais pour y entrer, il vous faudra encore un peu de patience !