Le jugement d’ouverture a des conséquences immédiates pour le chef d’entreprise, pour l’entreprise et ses salariés.
Dessaisissement du chef d’entreprise
Le jugement qui ouvre ou prononce la liquidation judiciaire emporte dessaisissement pour l’entrepreneur individuel de l’administration et de la disposition de ses biens. Le chef d’entreprise ne peut plus toucher à son patrimoine professionnel ou personnel tant que la liquidation n’est pas clôturée. Il ne peut plus vendre un actif, encaisser une somme d’argent, résilier un contrat..etc. Tous les actes concernant le patrimoine du chef d’entreprise sont exercés par le liquidateur.
Il existe cependant des droits propres au chef d’entreprise qui ne sont pas exercés par le liquidateur.
Ainsi, le chef d’entreprise conserve ses droits sur certains biens déclarés insaisissables qui sont les suivants :
Résidence principale
Biens mobiliers nécessaires à la vie et au travail du chef d’entreprise et de sa famille
Créances alimentaires
Rentes d’accident du travail
Traitements et salaires dans une certaine proportion.
Le chef d’entreprise conserve également ses droits propres en matière de succession.
À savoir
Le chef d’entreprise conserve ses droits personnels non patrimoniaux. Il peut ainsi librement contracter un mariage, divorcer ou encore voter.
Cessation d’activité de l’entreprise
L’ouverture de la liquidation judiciaire entraine la cessation de l’activité de l’entreprise. Un maintien de l’activité est parfois autorisé.
Principe de cessation d’activité et possibilité de rebond
En principe, l’ouverture d’une liquidation judiciaire oblige l’entrepreneur individuel à cesser son activité jusqu’à la clôture de la procédure.
Cependant, l’entrepreneur peut exercer une nouvelle activité professionnelle indépendante sans attendre la clôture de la procédure de liquidation judiciaire. Un nouveau patrimoine professionnel se constitue.
Cette possibilité de rebond est possible uniquement si l’entrepreneur n’a pas été condamné dans les 5 dernières années à une liquidation judiciaire pour insuffisance d’actif ou à une décision de clôture d’une procédure de rétablissement professionnel.
Maintien de l’activité
Le maintien de l’activité peut être autorisé par le tribunal pour une durée maximale de 6 mois dans l’un des cas suivants :
Dans ces deux cas, le tribunal désigne un administrateur judiciaire pour gérer l’entreprise. Celui-ci va exercer les pouvoirs du liquidateur.
Rupture des contrats de travail
Le liquidateur doit mettre en œuvre la procédure de licenciement économique et consulter obligatoirement le comité social et économique (CSE) s’il existe.
Les contrats de travail liant les salariés et l’entreprise en difficulté sont rompus dans un délai de 15 jours suivant le jugement prononçant la liquidation judiciaire ou suivant l’expiration de l’autorisation de poursuite de l’activité.
Ce délai est porté à 21 jours lorsqu’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) est établi.
Si le liquidateur est obligé de mettre en place un PSE, il doit le soumettre à la Dreets pour validation ou homologation.
La Dreets se prononce dans un délai de 4 jours à compter de la date de la dernière réunion du CSE.
Les créances provenant de la rupture du contrat de travail (salaires, primes, indemnités, cotisations et contributions sociales…) sont couvertes par la cotisation au régime de garantie des salaires (AGS).
Effets du jugement sur les créanciers
Tous les créanciers doivent déclarer leurs créances dans un délai de 2 mois à compter de la publicité du jugement d’ouverture de la procédure. Ce jugement d’ouverture entraîne l’arrêt des poursuites individuelles et l’arrêt du cours des intérêts pour les prêts qui ne dépassent pas 1 an.
Pour en savoir plus sur la déclaration de créance, se reporter à la fiche dédiée.
Le jugement d’ouverture entraîne les effets suivants à l’égard des créanciers :
Arrêt des poursuites individuelles
Le jugement d’ouverture empêche toutes les actions en justice visant l’entreprise pour obtenir le paiement d’une somme d’argent : il peut s’agir d’une action en paiement d’un loyer ou d’un prix de vente.
Toute action en justice pour mettre à fin à un contrat pour défaut de paiement est également suspendue ou interdite.
À savoir
La caution n’est pas protégée. Le créancier peut poursuivre la caution sans attendre l’admission de sa créance.
Arrêt du cours des intérêts
Le jugement d’ouverture arrête le cours des intérêts (conventionnels, légaux, etc.) et majorations, à l’exception des intérêts des prêts de plus d’1 an.