C’est l’un des plus ambitieux dossiers du mandat ! La Ville a engagé le redéploiement des collections du musée du Chablais au château de Rives. Ce monument historique, en attente de réhabilitation, est idéalement positionné sur les rives du Léman, à proximité immédiate du débarcadère : une véritable porte d’entrée de la ville depuis la Suisse voisine.
Le musée du Chablais est la plus ancienne structure culturelle de Thonon. Il a été créé en 1863. Il est depuis 2003, « musée de France », une appellation gérée par le ministère de la Culture qui garantit un niveau de qualité des collections, mais aussi de leur gestion et de leur valorisation auprès du public.
Le musée conserve ans ses réserves plus de 10 400 objets. Il s’agit d’un musée généraliste avec des collections variées. Présent dans la cave du château de Sonnaz depuis 1953, le musée est fortement contraint tant dans ses missions de conservation que d’accueil du public.
Consciente de la situation, la municipalité souhaite relocaliser le usée et en faire un nouvel atout pour le territoire.
Le musée, qui sera désormais appelé musée de Thonon, intégrera le château de Rives. Il proposera un concept original de musée évolutif, avec des rotations régulières de ses expositions. Profitant d’une situation exceptionnelle, l’expérience de visite sera essentielle tant à l’intérieur qu’à l’extérieur.
Enfin, le musée sera en prise avec son territoire, ouvert à son environnement et à la société contemporaine.
Ce nouvel équipement sera un levier du rayonnement et de l’attractivité de la ville. Il s’inscrit dans une démarche de requalification du quartier de Rives, tête de pont touristique du territoire communal. Il est, en outre, l’occasion de réhabiliter le château, pour rendre aux Thononais cet élément patrimonial fort.
Les collections Les points forts des collections se définissent en six grands axes :
Dans l’avenir, ces collections dialogueront avec des oeuvres d’art contemporain. Celles-ci seront mises en dépôt grâce à des partenariats avec des institutions publiques ou privées.
En tant que musée de France, le musée du Chablais porte une attention toute particulière à ses visiteurs. Avec la création du service des publics en 2011, des actions ciblées ont permis de toucher plusieurs catégories de visiteurs : scolaires, familles, publics en situation de handicap ou publics éloignés de la Culture.
Des thèmes d’exposition originaux bénéficiant de scénographies variées ont valorisé les collections auprès des publics : l’archéologie romaine, la grande guerre, les estampes lémaniques, les couleurs ou encore l’apocalypse ont marqué nos visiteurs ces dernières années.
De nombreuses animations sont organisées tout au long de l’année et notamment lors des grands événements comme la nuit des musées ou les journées du patrimoine. Ateliers créatifs, visite en LSF, danse, théâtre, musique, reconstitution historique mais aussi cuisine et même yoga ont incité les publics à se rendre au musée.
Pour les publics ne pouvant se déplacer, l’équipe organise des animations hors-les-murs, notamment dans les crèches et les foyers de personnes âgées.
Une très belle dynamique malgré les contraintes actuelles du musée.
Le musée est situé depuis 1953 dans les caves voûtées du château de Sonnaz, inadaptées à l’exposition et à l’accueil du public.
Le parcours du musée s’étend sur 200 m² (100 m² d’exposition permanente + 100 m² d’exposition temporaire). 1,3% seulement des collections est exposé en permanence et le développement des cénographies d’exposition demeure toujours un exploit créatif et technique ! L’accueil des groupes est compliqué sans compter que l’accès au musée, par un escalier historique raide et périlleux, ne répond pas aux normes d’accessibilité.
Les conditions de conservation sont mauvaises avec des problèmes récurrents d’humidité. Des infiltrations importantes en 2017 ont même entraîné la corrosion de sculptures de Marguerite Peltzer et la fermeture de la salle éponyme. Seules les salles d’exposition temporaire offrent un climat adapté, au prix d’une maintenance quotidienne de l’équipe des musées, condition sine qua non pour obtenir des prêts d’autres institutions muséales. Par ailleurs, les lieux de réserve sont également inadaptés : nombreux et ne répondant pas aux normes de conservation préventive.
► De 2009 à 2019, les moyens physiques, humains et financiers du musée ont été utilisés jusqu’à leur potentiel maximal pour proposer des expositions de plus en plus qualitatives et pour fidéliser le public. La cave du château de Sonnaz est désormais un frein au développement de l’activité et de la fréquentation.
► La municipalité actuelle ayant pleinement conscience de ces problèmes a lancé un projet de redéploiement des collections dans un nouveau site, le château de Rives. La première étape de ce projet consiste en la rédaction du projet scientifique et culturel (PSC).
Le PSC est le premier document opérationnel et stratégique qui définit l’identité et les orientations du musée.
Ce document est validé par le conseil municipal et par le service des musées de France (ministère de la Culture). Il constitue une référence et un engagement entre l’Etat et la Ville de Thonon. Il est par ailleurs obligatoire pour l’obtention d’une subvention d’Etat. Le PSC, une fois validé, devient la feuille de route des équipes en charge du projet. C’est pourquoi tous les aspects de la vie du musée sont traités : bâtiments (musée et réserves), parcours de visite, conservation, gestion des collections, médiation, communication mais aussi moyens humains et financiers.
Le travail sur le PSC a duré un an de janvier 2021 à février 2022.
Les objectifs de ce travail étaient de :
La réflexion autour du concept du futur musée a été accompagnée par l’agence d’ingénierie culturelle Lamaya (Paris), assistant à maîtrise d’ouvrage pour la co-rédaction du PSC en lien avec la responsable des musées. Le comité de pilotage, présidé par Monsieur le Maire, était constitué notamment de représentants du ministère de la Culture et des professionnels des musées de France. Au cours du processus de conception, de nombreux acteurs de la Culture, des musées et du territoire, en France et en Suisse, ont été consultés ou ont participé à des ateliers de réflexion.
Le PSC est le premier document opérationnel et stratégique qui définit l’identité et les orientations du musée.
L’expérience de visite du futur musée sera fortement marquée par la dimension paysagère, qui favorise la contemplation et le bien-être.
Avec ses petites maisons qui s’égrènent le long des coteaux reliant ville haute et ville basse, le quartier de Rives jouit d’une ambiance particulière, héritée de son passé de village de pêcheurs. Il offre de splendides points de vue sur le lac et sur la rive suisse, visibles aussi bien depuis le funiculaire ou les quais que depuis
l’intérieur du château. Le jardin du château constitue autant de possibilités de découverte et de délassement, en prise directe avec le lac.
À une échelle plus large, le musée s’inscrit dans un vaste paysage de montagnes, valorisé par le Géoparc Unesco Chablais, qui constitue une autre merveille naturelle du territoire.
Il conviendra de tirer pleinement parti des atouts du bâtiment et du site :
Le musée se veut ouvert au plus grand nombre et accessible. Il proposera des actions diversifiées et participatives tout au long de l’année et sera pleinement intégré aux temps forts de la Ville. Il sera doté d’une amplitude d’ouverture plus large, d’une offre de boutique et d’un espace de restauration alimentaire conçus comme parties intégrantes de l’expérience de visite, proportionnels aux surfaces et à la qualité visuelle des espaces muséographiques.
Un des risques qui pèse sur les musées aujourd’hui est de s’enfermer dans des thèmes et des visions figés qui peuvent rapidement paraître en décalage avec le vécu des populations et les enjeux culturels, sociaux et économiques auxquels ils font face. En effet les territoires, comme les publics, sont des
réalités complexes, changeantes, en perpétuelle redéfinition.
Pour cette raison, le musée propose de consacrer ses espaces d’exposition à des présentations thématiques renouvelables. Ainsi le musée disposera de 4 plateaux d’exposition de 150 à 200 m² chacun, qui feront l’objet d’un renouvellement annuel : chaque année un des 4 plateaux sera changé, ce qui permettra un renouvellement complet du parcours tous les 5 ans.
En plus de ces espaces intérieurs, le jardin est considéré comme un espace d’exposition supplémentaire. Ce parti-pris est préférable au principe plus classique d’un parcours permanent et d’expositions temporaires, afin de faire du musée un lieu vivant et toujours en évolution. Le futur musée se veut innovant, audacieux, en lien avec la société. Il se veut participatif et accessible à tous.
En outre, il cherchera à faire dialoguer art contemporain et collections anciennes. Il est proposé de répondre à ces enjeux en abordant des sujets de société selon différents prismes qui mobilisent nos contemporains, en proposant des approches muséographiques novatrices ou des expériences artistiques originales.
A l’issue de l’étude sur le fonds Peltzer, le potentiel de cette artiste a été identifié et il revient à la Ville de Thonon-les-Bains, reconnue comme son ayant-droit, de promouvoir son travail. Par ailleurs, le sujet de la création féminine à travers les siècles est une préoccupation d’actualité. Le musée de Thonon-les- Bains propose de répondre à ces enjeux avec une exposition « dialogue » : d’une part les sculptures de Marguerite Peltzer et d’autre part l’oeuvre d’une artiste femme contemporaine qui s’interroge sur le corps féminin.
L’identification de cette artiste et des oeuvres se fera au cours de la définition du programme muséographique. Des noms tels que Niki de Saint-Phalle, Orlan ou Louise Bourgeois viennent spontanément à l’esprit mais de nombreuses autres artistes travaillent également le sujet. Comme l’expérience Contrepoint au Louvre, cette proposition de dialogue entre Marguerite Peltzer et une autre artiste peut devenir un cycle. En outre, une approche tactile de certaines sculptures fac-similées de Marguerite Peltzer compléterait le parcours.
Le musée au château de Rives se veut un musée promenade en référence au site exceptionnel qu’il occupe au bord du lac Léman. Les paysages lémaniques de la collection inviteront à la promenade intérieure et seront une mise en abyme des points de vue extérieurs. Dans la lignée du rapport sur les musées du XXIe siècle, nous quittons le regard de l’historien de l’art pour proposer un questionnement autour de l’homme et de son rapport à la nature.
De Rousseau, si important aux bords du Léman, aux pratiques de développement personnel actuelles (yoga, sophrologie, méditation…), le lien de l’homme à la nature et à sa nature est interrogé. Un voyage philosophique et méditatif dans la continuité des nouvelles expériences muséales (ex au Louvre Lens : séance Respirer au musée).
Une expérience participative doublée d’une exploration des collections. Il s’agit de proposer à divers groupes constitués de Thonon (associations, classes, maisons de quartier…) d’adopter une personnalité historique de Thonon ou du Chablais. Le projet intègre pour les groupes en question des recherche sur la personnalité, la rédaction d’une courte biographie, la sélection d’objets des collections qui illustrent ce personnage.
Tout ce travail se fera en lien avec l’équipe des musées. Le résultat sera une galerie de portraits composites, illustrant un pan de d’histoire ancienne ou récente, mettant en avant une personnalité, un héros militaire ou un héros du quotidien ou encore des figures anonymes (ex : le potier romain de Thonon, le paysan de la vallée d’Abondance...). Une manière pour les publics de s’approprier le musée, ses collections et l’histoire qu’elles racontent.
Au coeur de l’Europe, le Chablais est un territoire de passage, sur la route des cols alpins, baigné par le Léman, tantôt trait d’union, tantôt frontière. Il est marqué par la culture romaine, par la construction du duché de Savoie, par les guerres de religions, par l’affirmation des Etats-nations. Cette exposition explorera le territoire comme lieu de passage et d’influences à travers les époques.
Des cultures celtes en contact avec des régions lointaines au Grand Genève en passant par la romanisation ou l’annexion à la France, un comité scientifique pluridisciplinaire mettra en perspective les collections du musée et les problématiques contemporaines.
Parallèlement au château et à ses expositions, le projet prévoit la réalisation de réserves adaptées pour les collections des musées (musée du Chablais et écomusée de la pêche et du lac).
Le déménagement sera préparé par une phase importante de chantier et de récolement* des collections.
Le musée poursuivra sa politique d’acquisition, d’études, de restauration et d’édition des collections en lien avec les projets muséographiques. Il développera parallèlement sa présence sur Internet par la présence des objets sur des bases de données nationales et une communication solide sur les réseauxsociaux notamment.
*Le récolement est une obligation de la loi musée de France. Il consiste en une vérification de l’inventaire tous les dix ans.